Le paradoxe français

Pour vous aidez a mieux investir dans votre santé

Le paradoxe français est un concept utilisé pour décrire le fait que les français mangent plus de graisses saturées et ont relativement moins de maladies cardiovasculaires que les américains qui en mangent moins. Ceci représente le contraire de la croyance populaire qui prétend que la consommation de graisses saturées est un facteur de risque majeur des maladies cardiovasculaires.

Cette croyance provient de la fameuse “étude des sept pays” conduit par Dr Ancel Keys à la fin des années 50 et la cascade d’évènements qui conduit à l’adoption de la diète faible en graisses et riche hydrates de carbone (voir notre article sur le mythe des graisses).

L’idée d’un paradoxe français a deux prémices. D’abord, les graisses saturées représentent un facteur de risque réel pour les maladies cardiovasculaires. Ensuite, il doit exister un facteur dans la diète française qui joue un rôle cardio-protecteur. Et, ce facteur a été identifié. Selon une émission appelée “60 Minutes” de la chaine de télévision américaine CBS diffusée en 1991, il s’agit du vin rouge qui protège les français contre les maladies cardiovasculaires. Des recherches ont aussi démontré que le vin rouge contient du resveratrol, un composé phyto-chimique de la famille des phénols qui a beaucoup de bénéfices de santé, incluant l’augmentation de la longévité tout en maintenant une santé florissante. Dr David Sainclair de l’Université Harvard a conduit des recherches sur les rats qui supportent ces hypothèses. Il a fondé une compagnie biotechnologique dans le but de créer un médicament miracle à base de resveratrol. Cette compagnie a été acquise par le géant pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline pour la somme de 750 millions de dollars américains.

Le resveratrol est un antioxydant puissant que l’on trouve dans la pelure des raisins et dans la baie d’Açaï, entre autres. Il protège l’ADN des cellules et pourrait même aider à contrôler et renverser des cancers. La consommation du vin rouge est reconnue comme bénéfique même par des tenants très respectés de la médicine naturelle. D’autres parlent des bienfaits de la consommation d’alcool tout court.

Il convient de noter que les expériences de laboratoire ont été réalisées avec des doses élevées de resveratrol (24mg par kg de poids). Pour obtenir pareilles doses en buvant du vin rouge, on estime qu’on devrait boire entre 700 et 1500 bouteilles de vin chaque jour pour obtenir des résultats semblables à ceux observés au laboratoire. On serait probablement mort de cirrhose du foie avant de bénéficier des effets de santé et de longévité du resveratrol. Il convient aussi de noter que si la France a un taux de maladie cardiovasculaire relativement faible, elle présente aussi le taux de mortalité le plus élevé par cirrhose du foie.

En résumé, les hypothèses de base du paradoxe français ne tiennent pas à l’analyse. D’abord, les graisses saturées ne causent pas les maladies cardiovasculaires. Le sucre et les hydrates de carbone raffinés sont de plus importants facteurs de risque. Ensuite, l’alcool est un produit inflammatoire, sa consommation régulière aura certainement des effets désastreux sur la santé à long terme.

Je pense que le “paradoxe français” n’existe pas. L’apparent paradoxe semble résulter de la méconnaissance des processus physiopathologiques des maladies cardiovasculaires. En passant, si vous “aimez” le vin (j’allais dire, si vous souffrez d’une accoutumance au vin), buvez en, si possible, avec modération. Mais de grâce, ne vous cachez pas derrière une “excuse santé”. La consommation quotidienne d’alcool aura certainement des conséquences néfastes sur la santé à long terme. La différence de morbidité et de mortalité cardiovasculaire observée entre les américains et les français est un phénomène complexe résultant des habitudes de vie et ne saurait être expliquée par la seule consommation de graisses saturée et du vin rouge.

La saison des fêtes s’approche. Pour plus d’un, c’est la période des excès alimentaires et alcooliques. Beaucoup considèrent qu’une excellente réunion d’amis doit se faire autour d’un verre, d’une bouteille, ou d’une table garnie d’aliments souvent toxiques. Si quelqu’un refuse d’en boire ou d’en manger, on a tendance à le considérer comme peu sociable (pour ne pas dire antisocial). Tout se passe comme si, dans toute réunion d’amis, nous devons nous atteler à massacrer ce cadeau précieux qu’est notre corps. Un changement de paradigme est nécessaire ici. N’est-il pas possible de penser à savourer la présence d’êtres chers, de se remémorer les souvenirs agréables, de bâtir de grands rêves tout en fortifiant, ou tout au moins, protégeant ce corps fragile sans lequel rien ne serait possible ? Prends le temps d’y penser. Car les aliments sont des drogues. Ils peuvent guérir, comme ils peuvent tuer, lentement, mais sûrement. Pour nous mêmes, notre famille, nos amis, notre pays, faisons des choix judicieux afin de savourer ensemble une santé florissante dans les années à venir.